"Nous, on n’a pas de filtre. La réalité, on la voit en
direct. On prend tout pleine gueule, on est en première ligne", raconte
le policier.
ar souci d'anonymat, nous l'appellerons Serge. Ce quadragénaire, policier "depuis plus de vingt ans", est aujourd'hui membre de la Brigade anti-criminalité (BAC) de Bordeaux. Il a d'abord exercé son métier en région parisienne avant de s'installer depuis plus de dix ans dans la capitale girondine.
Comme ses collègues, mobilisés depuis le début de la semaine dans de nombreuses villes de France, Serge est désabusé. En colère même. Contre la justice, contre sa hiérarchie, contre l'impunité présumée dont jouissent les délinquants, contre l'absence de soutien qu'il dit ressentir dans l'exercice, toujours plus complexe, de sa profession. "J'aime toujours mon métier", affirme-t-il néanmoins.
Son mal-être est pourtant palpable, reflet d'un "ras-le-bol" que le policier ne veut plus garder pour lui. S'il a choisi de témoigner, c'est pour faire connaître la réalité de son quotidien. Un témoignage édifiant, presque un appel à l'aide, entre frustration quotidienne et besoin de changement.
"La peur, on la ressent plus ou moins selon la ville où l'on est mais on sait que ça peut frapper partout maintenant. Même à Bordeaux, on n'est pas à l'abri d'un attentat terroriste, les autorités le savent. Le métier de "baqueux" (agent de la BAC, NDLR) est dangereux, quelle que soit la ville, même si Bordeaux est moins dangereux que Paris dans le sens où le phénomène de violence urbaine n'est pas à la même échelle qu'en région parisienne.
Mais quand on est en BAC, il n'y a pas de ville dans laquelle on peut se dire 'je ne suis pas en danger'. C'est la même chose pour les agents de police secours. C'est un métier où on risque sa peau."
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